mardi 2 août 2011

T'as peau dire

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Mère Grand
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Le noir de son tailleur élimé luit
Elle sent la naphtaline et le buis
Ses bas gris tirés sur ses mollets galbés
Sur la paroi lisse de ses tibias
Bobinent ses chevilles fines
Bien prises dans les mocassins astiqués
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La route de Wailly suinte
Le goudron fondu étale son vernis
Bras dessus, bras dessous vers l’église
Caverne de l’abbé Glas en habit de corbeau
A binocles dans sa chaire perché
Emacié et noueux et le prêche hargneux
......
Mère Grand
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De sa voix bientôt un chant monte vibre
boursouflé de ferveur à tomber les parois
Rouge sang de surplis violet des étoles
Soies de babines pourléchées et écharpes d’encens
La paille des cathèdres lui gratte les genoux
Mais l’enfant se tient coi comme un stuc impavide
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Quand roulent ses prunelles d’acier sous le sourcil froncé
Et que le pincement de sa bouche muette
Lui reproche des fautes de lui seul ignorées
D’une voix blanche il balbutie puis mime de la lèvre
Le psaume à entonner, et c’est ainsi que
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Mère grand tu es
Le loup auguste de mon enfance